Paris,
le 10 décembre 2002 - numéro 2002-6
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La faillite d'United Airlines est d'abord celle des stratégies Internet des compagnies aériennes | |||
La surabondance de promotions Internet a pour effet à long terme de se retourner contre ses auteurs. Cette surabondance a trouvé son origine dans la volonté des compagnies aériennes de limiter la croissance des agences online. Certes, face à des géants tels que travelocity.com ou expedia.com, la mise en place de stratégies de type orbitz.com ou opodo.com pouvait se comprendre, si toutefois tout ceci avait été mené de manière réellement concertée ce qui a loin d'avoir été le cas. Et les choses sont allées bien trop loin. Ainsi, les entreprises, clients traditionnels représentant les marges les plus confortables des compagnies aériennes recherchent désormais également les meilleurs tarifs online, même si le gain "facial" sur le prix du billet d'avion est souvent illusoire face au temps passé et donc à la baisse de productivité correspondante du salarié pour trouver la bonne affaire. L'effet dévastateur des prix discount dans l'aérien a également été d'autant plus fort que les disparités existant entre les prix les plus bas et les prix imposés pour les catégories "business" devenaient aussi de plus en plus insupportables. Il aurait été à mon sens plus intelligent de baisser légèrement les prix souvent trop élevés de certaines classes affaires que d'inciter, par des écarts trop importants, les clients aisés à se tourner à leur tour sur les prix cassés des classes inférieures et promotions correspondantes. |
Cela signifie
aussi que le marché du discount, une niche Internet qui ne ciblait
au début que les bargain hunters, les chasseurs de prix, est devenu
aujourd'hui un marché de masse touchant à la fois les déplacements
loisirs autant que les déplacements affaires. Comment penser qu'une compagnie aérienne, dont ce n'est pas le métier, arrivera à concurrencer, tous coûts confondus, une agence online prenant $5 pour une réservation? Il est évident que le coût réel pour les compagnies aériennes est bien supérieur à cela et elles en payent aujourd'hui doublement le prix. Ce prix elles le payent une première fois en ayant un coût de distribution supérieur à celui correspondant aux commissions versées antérieurement aux agences online, et elles le payent une seconde fois face à des agences online qui font désormais porter tous leurs efforts marketing sur la vente de chambres d'hôtels, packages et croisières mais de moins en moins sur la vente de billets d'avion, une vente de moins en moins rentable. Ce changement de stratégie marketing chez la plupart des grandes agences online américaines, très net chez Expedia par exemple, n'a certainement pas dû être sans effet sur les ventes des billets d'avion par les compagnies au cours de l'année 2002. Enfin, les compagnies aériennes se sont auto-mutilées avec le lancement de leurs sites communs comme orbitz.com ou opodo.com. Si vous allez sur ces sites, le message essentiel qui y est distillé est grosso modo : meilleurs tarifs, deals et autres offres spéciales. C'est donc uniquement le côté discount qui est mis en avant et non le service. Les campagnes marketing de ces sites sont d'ailleurs axées sur ce seul leitmotiv. Comment
s'étonner après cela que les entreprises, tout comme les
internautes soient tous devenus des bargain hunters et que des compagnies
comme United Airlines se retrouvent dans une telle situation? |
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