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Paris, le 22 février 2001 - numéro 2001-3
 
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  La fenêtre de l'investissement on line serait-elle en train
de se refermer pour l'eTourisme ?
 


Depuis quelques mois, les fermetures et de difficultés financières sont devenues monnaie courante pour les sites d'eTourisme.

La plus grosse faillite de l'eTourisme en 2000 se nommait LeisurePlanet.com mais depuis le début janvier 2001, il semble bien que les choses soient en train de s'accélérer.

Savvio.com pliait bagages en début d'année après seulement quatre mois d'exploitation et… 14 millions de dollars brûlés en pure perte.

Travelnow.com se voyait au même moment obligé de vendre ses actifs à la société Hotel Reservation Network pour ne pas connaître le même sort.


Enfin, Whiplash arrêtait ses activités après trois ans d'efforts et ByeByeNow.com supprimait trois quart de ses effectifs…

Les résultats décevants de Priceline.com ou encore de lastminute.com ne sont par ailleurs pas beaucoup plus encourageants pour l'avenir à court terme de leurs business models respectifs.

Priceline.com a ainsi annoncé avoir réalisé un chiffre d'affaires de 228 millions de dollars au quatrième trimestre 2000 contre 341 millions le trimestre précédent. Et les pertes totales pour ce seul quatrième trimestre s'élèvent encore à 105 millions de dollars.

Bien entendu, le site, après calculs élaborés, précise que l'essentiel de cette perte trimestrielle est lié à des charges exceptionnelles de restructuration et que la perte réelle d'exploitation ne serait "que" de 25 millions de dollars.

Il semble néanmoins, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à propos du business model de Priceline.com, que le site ne peut désormais plus continuer à briguer une place de leader Internet à part entière. La taille réelle de son marché semble en effet nettement plus réduite que ne le laissaient penser les ambitions initiales de son fondateur Jay Walker.

Priceline est donc contraint à mon sens de limiter ses ambitions à une simple stratégie de niche pour pouvoir espérer continuer à exister on line.

Les prix dynamiques sur Internet, tout comme les achats de "dernière minute" ne représentent pas encore un segment de marché suffisamment important on line pour espérer pouvoir en tirer un business model d'envergure.

 


Deux solutions s'offrent alors : réduire vos dépenses pour les adapter à la réalité de votre marché et se contenter d'un marché de niche ou tenter une reconversion hypothétique comme essaie de le faire lastminute.com (voir article eFocus de ce numéro).

Priceline.com vient ainsi de réussir à séduire deux nouveaux investisseurs asiatiques en jouant la carte de la restructuration. Hutchison Whampoa Ltd et Cheung Kong viennent ainsi d'investir la coquette somme de 50 millions de dollars dans Priceline.com.

Tout semblerait donc aller mieux pour Priceline. Malheureusement, au même moment, Vulcan Ventures, la société d'investissement de Paul Allen, co-fondateur de Microsoft, vient de revendre 9,1 millions des actions qu'elle possédait dans Priceline.com !

Il convient aussi de préciser que l'entrée des deux sociétés asiatiques au capital de Priceline.com s'est faite sur la base d'une action évaluée à… 2,10 $ à comparer au cours du mois de mars 2000, pendant lequel l'action Priceline avait été cotée jusqu'à 94,5 $ !

Et c'est ici que l'on peut commencer à s'inquiéter sérieusement en ce qui concerne le financement des start-ups de l'eTourisme.

Pour un capital risqueur, l'intérêt majeur de son investissement s'appelle "la bourse". Hors de celle-ci il est en effet exceptionnel de pouvoir atteindre des taux multiplicateurs aussi impressionnants que ceux que l'on a pu connaître jusqu'à présent.

La période de déprime actuelle des cours de la nouvelle économie est donc de nature à ralentir encore plus l'ardeur de ces financiers à continuer à investir massivement dans les projets d'eTourisme puisque leur date hypothétique de "sortie" est actuellement de plus en plus éloignée.

Il ne faut en effet pas espérer à court terme retrouver le vent de folie que les bourses mondiales ont connu en faveur de la nouvelle économie lors des premiers mois de l'année 2000.

Or, le métier de capital risqueur n'a rien à voir avec celui de banquier.

Je m'explique : une société de capital risque a par nature des possibilités financières limitées. Investir dans une affaire ne se justifie donc que si vous êtes capable d'en sortir à court terme afin de générer des fonds supplémentaires en termes de trésorerie. Ceci suppose donc des cycles de sortie rapides et… bénéficiaires.

La chute des cours boursiers des start-ups a donc eu pour effet d'allonger ces cycles tout en transformant certains investissements en pertes sèches, le tout dans un secteur économique, le tourisme, à marges particulièrement faibles et impliquant de soutenir les nouveaux venus plusieurs années avant d'espérer toucher le premier franc de bénéfice.

Beaucoup de capitaux risqueurs, même s'ils croient encore aux chances de succès des entreprises qu'ils ont financées n'ont donc plus les moyens financiers suffisants pour pouvoir les soutenir.

Quand aux nouveaux projets, ils sont de plus en plus morts-nés faute d'avoir su convaincre financièrement.

Les start-ups de l'eTourisme souffrent donc désormais d'un quadruple handicap :

  • Il est de plus en plus difficile de s'introduire en bourse, voir à ce titre les nombreux projets d'introduction en bourse annulés à la dernière minute.

  • Pour celles qui sont déjà cotées, maintenir son cours boursier à un niveau susceptible d'attirer de nouveaux actionnaires et même de conserver les anciens s'avère de plus en plus difficile.

  • Trouver de nouveaux financements auprès des capitaux risqueurs pour un deuxième, troisième ou quatrième tour de table dure de plus en plus longtemps et met par là même votre entreprise en risque permanent de cessation des paiements.

  • La concurrence online est de plus en plus âpre et mondiale.

Nous sommes donc arrivés, après l'euphorie des premiers temps de l'eTourisme, à l'époque des rachats et des restructurations brutales, les sites en difficultés financières n'ayant d'autre alternative que la revente à bas prix pour éviter la fermeture.

L'investisseur professionnel, tout comme le petit actionnaire, exige désormais des résultats et ne désire plus parier uniquement sur le potentiel "futur" d'un site.

Je crains donc que pour encore plusieurs mois, la fenêtre de l'investissement online ne se soit refermée pour beaucoup de sites d'eTourisme, ce qui devrait, par voie de conséquence, augmenter encore le nombre de défaillances et accélérer les phénomènes de restructuration.

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Directeur de la Publication de ce Site Internet : Luc Carton